Bien gérer son portefeuille implique de savoir aussi gérer ses émotions. C’est possible en prenant des risques mesurés et en ayant une bonne compréhension de la partie qui se joue. Décryptage, la newsletter de PurePerf, cherche chaque mois à décoder l’environnement économique et les forces qui font bouger les marchés. En toute humilité, nous partageons nos vues sur les dangers et les opportunités qui se profilent.

 

Le mot du mois

 

Fanfare, comme le départ des marchés qui ont choisi de tourner la page 2022 et d’aborder 2023 avec optimisme et insouciance.

 

Dans notre lettre de fin décembre, nous écrivions : « à court terme, le recul de l’inflation, une récession de courte durée et une baisse des profits des entreprises moindre qu’attendue peuvent entraîner une reprise des marchés obligataires et une hausse des marchés d’actions de 10% à 20% au cours des prochains trimestres. »

 

C’est ce qui s’est passé en janvier. Le rebond de toutes les classes d’actifs confirme que les réserves de liquidité dans le système sont encore abondantes. 

 

Cette hausse peut durer encore quelques semaines voire quelques mois. En tentant de prendre le train en marche, les investisseurs sous-investis viennent alimenter le rebond des marchés. Idem pour les vendeurs à découvert*.

 

Ce phénomène a touché non seulement les actions, mais aussi les obligations et les devises. Tous ceux qui pensaient que l’euro s’était suffisamment apprécié face au dollar ont essuyé des pertes. Ils ont dû acheter des euros pour gérer leurs risques, ce qui a alimenté non seulement la hausse de l’euro, mais aussi celle des matières premières dont les prix sont négociés en dollars.    

 

Est-ce le début d’un nouveau marché haussier ?

 

En janvier, les marchés ont acheté l’histoire qu’on pouvait contenir les pressions inflationnistes sans mettre en danger la croissance. 

 

Avec l’inflation qui ralentit, la Chine qui redémarre et des marchés de l’emploi plutôt bons, on se laisse à rêver que les banques centrales puissent se montrer moins restrictives et que l’activité puisse tenir le choc.

 

Cette histoire tient un peu du conte de fée… L’époque actuelle est marquée par des incertitudes persistantes, des tensions géopolitiques, des problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement, une guerre commerciale plus ou moins globale et une course aux armements relancée.

 

À tous ces facteurs s’ajoutent des niveaux d’endettement record des états, une montée des pressions inflationnistes et une hausse des taux d’intérêts, résultat des effets cumulés de la création monétaire des dernières années.

 

Ces problèmes ne vont pas disparaître rapidement. Nous allons vivre avec pendant les prochaines années et nous devons nous préparer à faire face à des événements plus ou moins inattendus. 

 

Dans ce contexte, la hausse actuelle peut durer un peu, mais elle peut aussi prendre fin à tout moment. Les catalyseurs possibles sont nombreux : des chiffres d’inflations moins bons qu’attendu, un défaut de paiement, une phrase ou une action de Vladimir Poutine… 

 

Nous avons la conviction que les années 2020 à 2030 n’auront rien à voir avec les quatre décennies de 1980 à 2020, caractérisées par de grandes vagues de hausse continue.

 

Plus que jamais, diversification et flexibilité seront de mise pour performer, car il y aura des fenêtres d’opportunités pour danser sur le volcan.

 

Faut-il chercher à surfer les petites vagues ?

 

Les marchés sont actuellement entre deux eaux, peut-être au milieu d’une grande consolidation. Le moindre catalyseur peut les faire basculer dans un sens ou dans l’autre.

 

Il y a deux façons de se positionner. 

 

La première consiste à ne rien faire. Pour la plupart des investisseurs, c’est l’exercice le plus difficile. On pense à tort qu’il est nécessaire de prendre des positions fréquentes pour faire croître son patrimoine.

 

Pourtant, à bien y regarder, la situation n’a pas été aussi favorable pour les placements monétaires depuis des années. Sans prendre de grands risques, il est facile d’obtenir entre 3% et 4% en euros sur des placements à court terme auprès de sa banque ou via des sicav monétaires.

 

À long terme, la gestion monétaire est la moins performante. Cette position d’attente est donc confortable, mais seulement à condition de savoir en sortir. Or, le jour où il faudra bouger, le risque est d’être tétanisé par la peur et d’entrer trop tard, voire de ne jamais prendre position.

 

En gestion de portefeuille, c’est lorsque les marchés sont proches de leurs extrêmes que les opportunités se présentent.

 

Les extrêmes sont marqués par la peur ou l’euphorie. Lorsque les émotions font basculer les marchés, la chasse aux bonnes affaires s’ouvre, mais seulement à ceux qui sont disciplinés et qui savent gérer leurs émotions.

 

La deuxième façon de se positionner consiste à avancer avec prudence, à partir d’une allocation diversifiée et en prenant ses profits régulièrement. Il vous arrivera de couper trop tôt, mais d’autres opportunités se présenteront.   

 

Dans de tels marchés, la difficulté consiste à bien gérer ses risques. Pour chaque position, il convient de définir des points de sortie à la hausse mais aussi à la baisse. Ensuite, il faut s’y tenir strictement.

 

L’allocation du portefeuille PurePerf et les signaux peuvent vous aider à initier ou couper vos positions. Certains abonnés les utilisent pour confirmer ou infirmer leurs propres convictions. Ils ne suivent pas notre stratégie à la lettre mais s’abstiennent de prendre des positions contraires aux nôtres. 

 

C’est une façon de se protéger contre soi-même.

 

 

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* : Un vendeur à découvert cherche à bénéficier de la baisse d’un marché ou d’un titre. Pour se positionner à la baisse, il peut utiliser les options (achat de put, vente de call), les marchés à terme (vente de contrats à terme) ou simplement emprunter un titre, le vendre, puis le racheter à un prix plus bas si la baisse se produit.

 

Imaginons par exemple un investisseur qui anticipe la baisse de l’action LVMH. Fin décembre 2022, il a emprunté le titre et l’a vendu à 680€. Si le titre revient à 620€, son plus bas de novembre, il rachètera sa position et aura gagné 60€, soit près de 9%.

 

Un mois plus tard, il s’aperçoit que c’était une mauvaise pioche : au 27 janvier, le titre vaut 801€, il a perdu près de 18%. Pour arrêter les frais et couper sa position vendeuse, il doit acheter le titre, ce qui contribue à le faire monter davantage sous l’effet du simple jeu de l’offre et de la demande. 

 

Dans le jargon des marchés, vendre à découvert se dit aussi shorter un titre, et le rachat d’un titre dans les conditions décrites ci-dessus s’appelle un rachat de short.