Bien gérer son portefeuille implique de savoir aussi gérer ses émotions. Ceci est possible en prenant des risques mesurés et en ayant une bonne compréhension de la partie qui se joue. Décryptage, la newsletter de PurePerf, cherche chaque mois à décoder l’environnement économique et les forces qui font bouger les marchés. En toute humilité, nous partageons nos vues sur les dangers et les opportunités qui se profilent.
Le mot du mois
Cristal évidemment. Décembre étant le mois des prévisions, chacun sort sa boule et s’essaie à faire des projections hasardeuses, à oublier vite.
Pas de boule de cristal chez PurePerf, nous n’avons pas le mode d’emploi. Comme l’an passé, nous nous contenterons de quelques bulles de Cristal que nous avons toujours en réserve.
Si nous avons une conviction, c’est que personne ne peut prédire l’avenir. Demandez aux meilleurs stratégistes de Wall Street, ils se trompent chaque année. C’est pourquoi, au lieu de jouer les devins, nous préférons nous concentrer sur les grandes orientations qui pourraient être observées l’an prochain.
Ce que nous retenons de 2023
Après avoir craint l’inflation, la hausse des taux, la récession, la montée sur Moscou de Prigozhin, l’embrasement du Moyen-Orient, les marchés ont retrouvé confiance en fin d’année pour nous offrir un formidable rallye.
Comme dans Le Trésor de Rackham le Rouge, tout est bien qui finit bien ! Pour combien de temps ?
2024, l’année de tous les dangers
Il y a exactement un an, nous écrivions : « Alors que les nuages s’accumulent à moyen terme, rien n’indique que la tempête se produira en 2023… Les choses peuvent toutefois bien se passer. Le recul de l’inflation, une récession de courte durée et une baisse des profits des entreprises moindre qu’attendue peuvent entraîner une reprise des marchés obligataires et une hausse des marchés d’actions de 10% à 20% au cours des prochains trimestres. »
Nous avons vu juste. Nous ajoutions aussi : « À moyen terme, les marchés peuvent vraiment prendre le mur. » C’est toujours valide à nos yeux, et nous commençons à nous approcher du moyen terme.
Toute la difficulté pour un investisseur consiste à investir avec un horizon cohérent avec ses prévisions. Penser à long terme et investir à court terme, et vice versa, est un exercice complexe. C’est un peu comme les pros de tennis qui doivent en même temps garder les yeux fixés sur la balle et voir où se déplace leur adversaire. Ils s’entraînent à cela.
Les marchés obligataires représentent près de deux fois la taille des marchés d’actions. Comme pour le tennis, ce sont des marchés de pros. Ces derniers mois, ils nous ont envoyé deux messages très forts.
Le premier est que les craintes inflationnistes sont derrière nous. La forte baisse des taux longs amorcée fin octobre en est l’indicateur avancé.
Le deuxième message est que la probabilité d’une entrée en récession des États-Unis dans les prochains mois est élevée. La courbe des taux inversée nous l’annonce.
La courbe des taux, c’est un graphe qui montre les taux d’intérêt des emprunts d’État en fonction de leur date d’échéance. Cela permet de voir rapidement leur rendement sur des échéances allant de 3 mois à 30 ans.
Dans des conditions de marché normales, cette ligne commence à un niveau bas pour les obligations à court terme et monte graduellement pour les obligations à plus long terme. Cela illustre le simple fait que les investisseurs attendent plus de compensation lorsqu'ils immobilisent de l'argent pendant de plus longues périodes.
Pendant les périodes de crise économique, la courbe des taux peut s'inverser : les obligations à long terme offrent alors moins de rendement que les obligations à court terme. Cela s'est produit depuis octobre 2022, à la suite des hausses agressives des taux d'intérêt destinées à freiner l'inflation. Les investisseurs se sont protégés contre le risque de ralentissement économique en se tournant vers les bons du Trésor à long terme.
La demande pour ces obligations faisant monter leurs prix et baisser leurs rendements, ceux-ci sont passés sous les rendements des bons du Trésor à court terme. La courbe des taux s’inverse, car les rendements des échéances les plus courtes sont plus élevés que ceux des plus longues.
L'écart entre les rendements du Trésor à 10 ans et à 3 mois est un indicateur économique étroitement surveillé. Cette partie de la courbe des taux s'est inversée avant chacune des huit récessions américaines depuis 1968, avec une seule fausse alerte au milieu des années 1960.
Dans le passé, les récessions se produisent dans les deux ans suivant l’inversion. La courbe des taux a commencé à s'inverser en octobre 2022. Cela signale une forte probabilité que les États-Unis entrent en récession d'ici octobre 2024.
En juin 2023, l'écart entre les bons du Trésor américains à 10 ans et à 3 mois a atteint -1,89% en juin 2023, marquant son inversion la plus prononcée depuis plus de 50 ans. Il s’élève actuellement à -1.65%. À titre de comparaison, l’écart du faux positif des années 60 était beaucoup moins prononcé qu’il ne l’est aujourd’hui, il n’avait pas atteint -1%.
Pourquoi une récession américaine nous préoccupe-t-elle ?
L’indice phare des actions US, le S&P 500, a été créé en 1957. Depuis cette date, l’économie américaine a connu dix récessions. Durant ces périodes de recul de la croissance, il a perdu entre -14% et -57% par rapport à son plus haut niveau, avec un recul moyen de -31%. Cela a de quoi inquiéter tout épargnant.
A cela s’ajoute l’extrême concentration des sociétés ayant performé en 2023. Nous en avons parlé le mois dernier, les Magnificent Seven (Microsoft, Amazon, Meta, Apple, Alphabet, Nvidia et Tesla – pour les cinéphiles, c’est aussi le titre original des Sept Mercenaires). Leur performance en 2023 est plus de vingt fois supérieure à celle des 493 autres actions de l’indice. C’est du jamais vu. Une entrée en récession entrainerait donc sans doute une forte correction des marchés d’actions dans le monde.
Quelle structure de portefeuille pour démarrer l’année ?
Diversification et flexibilité vont continuer à être clés pour performer en 2024.
Par diversification, nous entendons diversification des sources de risques. Le moteur d’un portefeuille bien équilibré peut avoir quelques cylindres en panne, mais il doit toujours être capable de produire de la performance. La bonne nouvelle, c’est qu’avec la hausse des taux courts, le cash offre un rendement positif. Il faudra savoir l’utiliser pour se mettre à l’abri durant les périodes chaudes.
La stratégie PurePerf consiste à partir d’un portefeuille de base réellement diversifié puis à appliquer chaque mois des signaux d’allocation tactique.
Cette approche flexible est adaptée à un monde où tout peut arriver. En 2024, elle continuera à vous aider à passer à travers les hauts et les bas des marchés pour protéger et faire croître votre capital.
À chaque nouvelle année, un nouveau départ. Avec espoir, détermination et une attitude positive, nous sommes prêts à saisir les nouvelles opportunités et à relever les nouveaux défis qui se présenteront.
Nous souhaitons à tous nos lecteurs et amis une très bonne année, pleine de santé et de bonheur !