Bien gérer son portefeuille, c’est aussi savoir maîtriser ses émotions. Cela se fait en prenant des risques mesurés et en comprenant bien les enjeux. Décryptage, la newsletter de PurePerf, vous aide chaque mois à analyser l’environnement économique et les forces qui animent les marchés. En toute humilité, nous partageons nos vues sur les risques et les opportunités à venir.
La Banque centrale Chinoise baisse à nouveau ses taux
Le fait marquant du mois est bien sûr la baisse de 0,50 % des taux directeurs de la Fed américaine, en ligne avec les attentes du marché. S’agit-il d’une décision politique (les élections américaines approchent le 5 novembre) ou d’un signe de ralentissement économique sévère ? Nous le saurons bientôt.
En attendant, cette baisse des taux réels soutient les actions, pèse sur le dollar et profite à l’or.
Revenons à la Chine. Pourquoi continue-t-elle de réduire ses taux d’intérêt avec autant de persistance ? L’explication est simple : alors que l’Occident a assaini ses bilans privés après la crise de 2008, la Chine a fait exactement le contraire.
Aujourd’hui, la dette du secteur privé représente 149% du PIB aux États-Unis et 108% en Europe, des niveaux inférieurs à ceux de 2008 (respectivement 165% et 138%). En Chine, cette dette est passée de 100% à plus de 200% du PIB sur la même période.
Cette explosion de la dette a stimulé la croissance et aidé les économies développées après 2008. Mais elle inquiète aujourd’hui, car une grande part de cette dette a financé des investissements peu productifs, notamment dans l’immobilier, ce qui menace la stabilité à long terme.
Dès que la dette dépasse 200 %, des signaux d’alerte apparaissent. Ce seuil a souvent été à l’origine de crises passées (bulle immobilière japonaise, crises en Espagne et en Irlande, crise des tigres asiatiques, etc.).
Pour compenser le ralentissement économique, la Chine a d’abord incité les entreprises à s’endetter, puis a encouragé les ménages à s’endetter pour acheter des biens immobiliers. Lorsque le gouvernement a voulu freiner cette course à l’endettement, les promoteurs immobiliers ont été en difficulté et le marché s’est figé.
Comme le Japon dans les années 1990, la Chine tente de « réparer » ce problème en abaissant les taux. Malheureusement, cela ne suffira pas à sauver son économie.
Un secteur privé excessivement endetté, souffrant de la déflation du marché immobilier, ne va pas emprunter davantage juste parce que les taux sont plus bas.
L’exemple du Japon est parlant : malgré une baisse des taux de 8% à 1% dans les années 1990, les ménages japonais n’ont pas relancé la machine à crédit, encore occupés à rembourser leurs dettes.
Comme le dit cette citation attribuée à tort à Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » La Chine est dans une impasse, et elle répète les erreurs du Japon d’il y a 30 ans. Espèrent-ils un résultat différent ?
En attendant, les marchés ont célébré ces baisses de taux
Les marchés réagissent avant de réfléchir. La Fed s’inquiète de la vigueur de la croissance ? Pas de souci, l’indice S&P 500 approche de son sommet. La Chine a du mal à relancer une économie étouffée ? Aucun problème pour les bourses de Shanghai, Shenzhen et Hong Kong, qui applaudissent ces baisses de taux. Personne ne semble s’étonner qu’une entreprise comme JD.com soit passée de 26$ à 39$ en un mois (+50 %), sans annonce particulière. Certes, les actions chinoises étaient sous-valorisées. Certes, des vendeurs à découvert ont dû se racheter en urgence. Mais tout cela est-il raisonnable ? Est-ce durable ? Peut-être pour quelques semaines, mais nous avons des doutes au-delà.
Résumons la situation :
1. En septembre, les actions ont monté comme si les économies développées avaient atterri en douceur.
2. L’or a monté comme si nous traversions une crise économique majeure.
3. Les obligations d’État ont baissé après l’annonce de la baisse des taux de la Fed, comme si elle avait terminé ses baisses.
4. Les prix du pétrole chutent comme si la demande s’effondrait.
5. Les prix du gaz naturel augmentent comme si la demande explosait.
6. L’évaluation des conditions économiques par les Américains est à son plus bas depuis début 2020 (covid), similaire la crise de 2008.
7. Le marché anticipe plus de 2,5 % de baisses de taux américains au cours des 12 prochains mois, soit la plus forte baisse depuis les années 1980.
Si tout est clair, c’est qu’on vous a mal expliqué…
Alors que faire ?
Tout sera fait pour éviter des turbulences avant les élections américaines. Octobre ne devrait pas poser de gros problèmes. Chez PurePerf, même si nos signaux sont mensuels, notre horizon d’investissement est long. Nous ne pouvons ignorer les contradictions actuelles.
Avec une performance dépassant 8% depuis le début de l’année et environ 12% sur les douze derniers mois, nous restons prudents. Bien que, dans notre Newsletter, nous soyons parfois tentés de nous écarter des signaux, nous les suivons rigoureusement en ce moment, et la posture défensive du portefeuille nous convient parfaitement.
En conclusion
Les marchés sont dans une phase de bruit plutôt que de tendance, et cela devrait se poursuivre en octobre. La situation pourrait se clarifier d’ici la fin de l’année, ou plus probablement en 2025. En attendant, nous restons attentifs et veillons à ce que le portefeuille PurePerf reste aligné avec nos objectifs de performance dans un cadre de risque limité.
Si cet article vous a éclairé, n’hésitez pas à le partager et à vous inscrire à notre newsletter.
Merci pour votre confiance. Nous vous souhaitons à tous un excellent mois d’octobre, et restons à vos côtés pour vous aider à être du bon côté de la force.
Bien cordialement,
L'équipe PurePerf