Bien gérer son portefeuille implique de savoir aussi gérer ses émotions. C’est possible en prenant des risques mesurés et en ayant une bonne compréhension de la partie qui se joue. Décryptage, la newsletter de PurePerf, cherche à décoder l’environnement économique et les forces qui font bouger les marchés. En toute humilité, nous partageons nos vues sur les dangers et les opportunités qui se profilent.

 

Le mot du mois

 

Addiction. Seulement huit mois après avoir commencé à réduire la taille de son bilan, la FED est contrainte de faire machine arrière. Il lui a fallu moins de deux semaines pour remettre dans le circuit toutes les liquidités retirées depuis juin dernier.

 

Nos économies sont accros aux injections de liquidités, et la tendance n’est pas près de s’inverser.

 

Cette volte-face est due à la Silicon Valley Bank (SVB), première victime de la hausse des taux d’intérêt. Craignant une faillite imminente, les clients de cette banque ont retiré 42 milliards de dollars durant la seule journée du 9 mars, la mettant de fait au tapis. Pire, cela a entraîné la panique de tous les clients des banques régionales américaines qui ne disposent pas des mêmes garde-fous que les grandes banques telles que JPMorgan, Bank of America, Citi ou Wells Fargo. 

 

À titre de comparaison, en septembre 2008 il avait fallu neuf jours aux clients de Washington Mutual pour retirer 17 milliards de dollars, précipitant également la faillite de la banque par manque de cash. À l’heure des réseaux sociaux, tout va très vite ; être la banque des startups de la tech californienne n’a pas aidé SVB.

 

Moins de dix jours après la fermeture de SVB, le Crédit Suisse était euthanasié afin d’éviter de faire plonger le système bancaire dans le chaos. 

 

S’il n’y a aucun lien de cause à effet direct entre les deux événements, toutes les banques font actuellement face à un environnement marqué par la plus forte hausse des taux d’intérêt des quarante dernières années, après dix ans de taux extrêmement bas voire négatifs.

 

D’où la nécessité pour les banques centrales d’agir vite en déversant des centaines de milliards pour maintenir la liquidité.

 

D’autres banques vont-elles tomber ?

 

La Suisse a apporté la réponse. Les gouvernements et les banques centrales feront tout pour éviter la chute d’un géant bancaire. Si une institution comme Deutsche Bank devait faire défaut, tous les établissements seraient directement impactés et nous aurions des faillites en cascade.

 

On peut considérer que la seule façon de purger le système serait de laisser faire le marché. La dernière fois que c’est arrivé, c’était aux États-Unis au début des années 30 et on sait depuis que le remède est pire que le mal. Le coût financier et social d’une telle politique est en effet bien plus élevé que celui du sauvetage des banques.

 

On pourrait philosopher sans fin sur la moralité de ces opérations de sauvetage. La réalité est là : la fragilité des banques est une caractéristique intrinsèque de nos économies modernes.  

 

Les responsables politiques disposent de tous les outils pour traiter cette fragilité. Ils peuvent suspendre ou changer les règles. Ils peuvent créer toutes sortes de programmes sophistiqués dont la mission n’est rien d’autre qu’injecter des liquidités dans le système pour repousser la perception de ses faiblesses (le fameux quantitative easing). Ils peuvent élargir le spectre des entités régulées, garantir les dépôts sans limite… Ou pas.

 

Ainsi dans le cas du Crédit Suisse, il a été décidé que les porteurs de la dette subordonnée de la banque (les obligations dites AT1 pour additional Tier 1) ne seraient pas remboursés et perdraient donc toute leur mise, contrairement aux actionnaires. Rien d’illégal à cela même si, en théorie, les premiers à payer devraient être les actionnaires. Évidemment, cela entame la confiance.

 

Quid de l’inflation ?

 

Elle n’a pas disparu. Le problème est que, d’un côté, les banques centrales haussent leurs taux pour juguler l’inflation, et de l’autre, elles inondent le marché de liquidités pour endiguer la crise bancaire. 

 

Ce comportement schizophrène signifie qu’elles naviguent à vue et parent au plus pressé. Pour le moment, l’inflation n’est plus la première de leurs priorités. 

 

À court terme, elle va rester élevée. Toutefois, une des conséquences de la crise bancaire est que les banques régionales américaines vont durcir l’octroi de prêts, ce qui va accélérer le ralentissement de la croissance et l’entrée en récession des États-Unis.

 

Avec la récession viendra le chômage qui calmera les revendications salariales. Semblant anticiper le mouvement, le pétrole est revenu à son niveau d’avant-guerre. Si la tendance se confirme, alors la fin de la hausse des taux américains est proche.

 

En Europe, l’inflation pourrait continuer à grimper un peu plus longtemps, avant de refluer. Le recul de l’économie américaine se fera rapidement sentir. 

 

Comment gérer son portefeuille dans cette nouvelle crise

 

Soyons clairs, si les banques centrales naviguent à vue, nous aussi.

 

Nous nous y attendions. Au risque de le répéter tous les mois, nous écrivions dans notre lettre de décembre dernier qu’en 2023, toute la difficulté pour l’investisseur consisterait à penser à long terme et à investir à court terme. 

 

Selon notre expérience, dans des marchés volatils tels que ceux que nous connaissons actuellement, les investisseurs sur-réagissent et prennent de mauvaises décisions. 

 

En n’ajustant notre portefeuille qu’une fois par mois, nous évitons beaucoup de bêtises et préservons la qualité de notre sommeil. 

 

Si nous nous référons au passé, après la chute de Bear Stern en mars 2008, le marché américain avait gagné 10% en deux mois. 

 

De façon similaire, si les inquiétudes concernant les banques se calment rapidement, on peut s’attendre à une réaction positive et une hausse des marchés dans les prochaines semaines.

 

Dans cet environnement, nous sommes plutôt haussiers à court terme et baissiers à moyen et long terme. Les grandes baisses ne suivent jamais une ligne droite, elles s’opèrent par secousses entrecoupées de rebonds.

 

Nous continuons à danser sur un volcan. Les premiers effets de la hausse des taux commencent à peine à se faire sentir que les banques centrales doivent déjà choisir entre l’inflation et la catastrophe financière.

 

Par ailleurs, les mouvements violents des marchés de taux ces dernières semaines ont sans doute fait des victimes parmi les hedge funds et autres fonds gérés avec un fort effet de levier. 

 

De façon inédite, nous faisons face à la fois aux problèmes de dette des années 1940, aux problèmes inflationnistes des années 1970 et à une bulle spéculative qui rappelle la fin des années 1990. Selon les secteurs, les marchés d’actions n’ont pas encore pris en compte le recul à venir des résultats et restent chèrement valorisés.

 

Difficile d’être constructif dans ce contexte. La hausse de l’or et des emprunts d’État en mars ne fait que confirmer la nervosité et les inquiétudes des marchés.

 

Pour conclure, prenons un peu de recul. Le portefeuille PurePerf est construit pour performer dans la durée en minimisant les risques à court terme. Depuis fin 2018, il s’est apprécié de près de 48%, soit une performance de 9.83% par an (chiffres à fin février 2023). 

 

Dans un marché difficile depuis 18 mois, nous avons réussi à délivrer 3% l’an passé et cette année nous sommes également en hausse d’environ 3%. Nos signaux mensuels sont précieux pour naviguer la crise actuelle. Ils nous aident à limiter nos risques et nous permettront de capturer le rebond lorsqu’il se présentera. Pour le moment, nous faisons le dos rond.

 

 

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