Bien gérer son portefeuille, c’est aussi savoir maîtriser ses émotions. Cela se fait en prenant des risques mesurés et en comprenant bien les enjeux. Décryptage, la newsletter de PurePerf, vous aide chaque mois à analyser l’environnement économique et les forces qui animent les marchés. En toute humilité, nous partageons nos vues sur les risques et les opportunités à venir.

La citation du mois

“Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir.”

Niels Bohr, prix Nobel de physique en 1922

En attendant le résultat des élections américaines…

Extrapoler les tendances actuelles pour prédire l’avenir est un exercice périlleux. En 1900, la dernière année du règne de la reine Victoria, les savants de la Royal Society estimaient que Londres serait recouverte de 21 mètres de crottin de cheval d’ici 1970 à cause des carrosses circulant dans le West End…

Fin août, à la conférence de Jackson Hole, Jerome Powell a ouvert la voie à une politique monétaire plus souple car les pressions inflationnistes semblaient s’apaiser. Les rendements des obligations d’État avaient chuté et Wall Street anticipait correctement une baisse des taux de 50 points de base en septembre. Depuis, les analystes ont fait un virage à 180 degrés.

Le rendement des emprunts d’État américain à 10 ans a grimpé depuis la mi-septembre pour atteindre près de 4,20% hier soir. Le rendement du bon du Trésor américain à 2 ans, le plus sensible aux décisions de la Fed, a augmenté de 0,5 % en un mois pour dépasser les 4%. Les marchés anticipent une baisse des taux directeurs de 0.25% en novembre, mais certains membres de la Fed ont laissé entendre que les taux pourraient rester inchangés. Le spectre de l’inflation hante à nouveau le marché obligataire. Pourquoi ?

L’économie américaine a créé 100 000 emplois de plus qu’attendu en septembre. L’inflation reste forte dans le secteur des services. La Chine a annoncé de nouvelles mesures pour soutenir sa croissance. La guerre au Moyen-Orient s’intensifie, avec le déploiement par le Pentagone de batteries THAAD (Système de défense antimissile à haute altitude) manœuvrées par des troupes américaines en Israël, tandis que deux porte-avions américains en Méditerranée et un autre dans le Golfe sont passés au niveau d’alerte maximum (DEFCON-1) contre l’Iran. La promesse de Benjamin Netanyahu de ne pas attaquer les actifs pétroliers et nucléaires de l’Iran visait avant tout à rassurer le marché pétrolier et la Maison Blanche à quelques semaines des élections. 

Quel que soit le vainqueur, le vote du 5 novembre est une source d’inflation. Les droits de douane et la guerre commerciale de Donald Trump avec la Chine causeront une inflation des chaînes d’approvisionnement, et les crédits d’impôt promis par Kamala Harris augmenteront aussi les risques d’inflation. Ni Trump, avec ses baisses d’impôts, ni Harris, avec ses programmes sociaux, ne s’attaqueront au déficit budgétaire de 2 000 milliards de dollars ni à la dette nationale de 35 000 milliards. A titre de comparaison, elle s’élevait à 10 000 milliards avant la faillite de Lehman Brothers en 2008.

La masse monétaire M2 a enregistré sa première hausse annuelle depuis novembre 2022. Les augmentations salariales des dockers de la côte Est et du Golfe (Texas, Louisiane, etc.) vont peser sur le coût des importations, tout comme les ouragans Hélène et Milton.

Le risque inflationniste menace désormais un marché boursier américain valorisé à près de 23 fois les bénéfices attendus. L’indice S&P 500, qui a clôturé lundi à 5 853, a été multiplié par 8,8 depuis son point bas de 666 en 2009.

L’inflation explique-t-elle la hausse de l’or ? Pas vraiment…

Depuis son creux de septembre 2022 à 1600 dollars, l’once s’est appréciée de 70%. 

Pas besoin d’être un génie géopolitique comme Kissinger ou Machiavel pour comprendre que les sanctions bancaires américaines contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine ont transformé le dollar, l’accès au marché monétaire américain et au système SWIFT en armes économiques. 

Alors que les tanks russes encerclaient Kiev, les États-Unis ont saisi 600 milliards de dollars des réserves offshore russes. La Chine aurait été négligente de ne pas chercher un refuge pour ses 3 000 milliards de dollars de réserves, Par ailleurs, les capitaux en fuite provenant de Russie et d’autres états sanctionnés et frappés par l’hyperinflation comme l’Iran, la Corée du Nord, le Venezuela, l’Égypte et la Turquie se sont engouffrés dans la brèche. Au-delà des craintes inflationnistes, cette situation explique largement la remontée de l’or des deux dernières années.

Le dollar reste une monnaie de réserve pour ceux qui partagent les valeurs américaines, mais pas pour les États qui savent que la Maison Blanche peut bloquer l’accès à leurs réserves en dollars en cas de confrontation, comme le Kremlin l’a appris à ses dépens. Dans ce contexte, l’or et les actions de sociétés minières aurifères de premier ordre vont continuer à avoir toute leur place dans un portefeuille patrimonial diversifié.

A quoi s’attendre à court-terme ?

Après de bons chiffres sur l’emploi, l’inflation et les ventes au détail, les marchés s’attendent à une baisse des taux de 0,25 % lors de la réunion de la Fed du 7 novembre, juste après les élections américaines du 5 novembre.

En Europe, la BCE fait face à un risque de déflation, en partie dû à la récession dans l’industrie automobile allemande. En même temps, la France est confrontée à un endettement record et à une impasse budgétaire. La dégradation de la note souveraine française semble inévitable dans les mois à venir. L’écart entre l’OAT et le Bund est aussi large qu’en 2012, année du fameux discours “quoi qu’il en coûte” de Mario Draghi. Christine Lagarde n’a pas les mêmes marges de manœuvre, elle ne pourra empêcher l’euro de suivre la trajectoire baissière du yen japonais.

Comme évoqué le mois dernier, tout va être fait pour éviter des secousses avant les élections américaines. Mais après le 5 novembre, on peut s’attendre à des changements. Les prix du pétrole brut ont chuté après que la Maison Blanche a assuré qu’Israël n’attaquerait pas les infrastructures iraniennes. Mais le risque géopolitique reste présent, notamment avec l’escalade des tensions entre l’Iran et Israël.

Les États-Unis ont renforcé leurs sanctions contre l’Iran le 11 octobre, ciblant le secteur pétrolier. Ces sanctions concernent 1,7 million de barils par jour, dont 80% sont destinés à la Chine via des accords en renminbi. 

Si Trump est réélu, il rétablira probablement les sanctions de “pression maximale” qui avaient fait chuter les exportations iraniennes à 700 000 barils par jour en 2019. Un choc sur l’offre de pétrole pourrait être absorbé par l’OPEP et l’Arabie saoudite, mais l’Iran serait durement touché. Trump devrait aussi relancer une guerre commerciale contre la Chine, réduisant la demande de pétrole iranien.

En cas de frappe de Tsahal contre l’Iran après les élections, les prix du pétrole pourraient ainsi monter. 

En conclusion

La structure actuelle défensive du Portefeuille PurePerf nous semble adaptée à la situation et nous ne voyons pas de raison de nous en écarter. Les signaux de fin octobre devraient confirmer les positions actuelles.

La fin de l’année devrait apporter plus de clarté, tant sur le plan politique que sur les marchés. Tout indique que 2025 sera une année difficile avec le retour de la volatilité. En attendant, nous restons vigilants et nous veillons à ce que le portefeuille PurePerf soit en ligne avec nos objectifs de performance, dans un cadre de risque limité.

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Merci pour votre confiance. Nous vous souhaitons à tous un bon mois de novembre, et restons à vos côtés pour vous aider à être du bon côté de la force.

Bien cordialement,

L'équipe PurePerf